Un brève étincelle

octobre 19, 2017

Le 1er octobre 1980, notre fils Steven est né. Il était notre 3e enfant mais comme il était notre premier garçon, sa naissance fut un joyeux événement pour mon mari Ted et moi-même. Alors que Steven avait à peine dix-neuf jours, j’ai commencé à suivre des cours au Northern Alberta Institute of Technology (NAIT) afin de terminer la quatrième et dernière phase de mon apprentissage de machiniste. J’étais alors la première femme inscrite au programme d’apprentissage de machiniste au NAIT. Une autre femme, Elsie, avait commencé un an plus tard et était inscrite dans ma classe. Du fait que je ne voulais pas perdre la distinction d’être la première femme inscrite au programme, il paraissait important que j’assiste aux cours de ce terme. J’ai trouvé une gardienne qui habitait près de chez nous et qui voulait bien s’occuper de Steven pendant que j’assistais aux huit semaines de cours. Nos filles,Tammy et Terri, respectivement en sixième et cinquième année, déjeunaient à l’école et étaient capables de rester seules une heure par jour. J’avais prévu de faire une pause pour rester avec mon fils après avoir atteint le niveau d’ouvrière qualifiée.

 

Le matin du vendredi 5 décembre, six semaines après le début du cours, épuisée, je débattais l’idée de ne pas aller aux cours ce jour-là et de rester jouer avec Steven. Cependant, du fait que nous étions à veille d’une fin de semaine, j’ai finalement décidé de ne pas manquer les cours sous un prétexte frivole ou par caprice. Bien que Steven ait été

enrhumé pendant la semaine et quand il s’est réveillé ce matin-là, il allait mieux et en bonne disposition. Avec regret, j’ai préparé son sac à couches et je l’ai amené chez la gardienne. Comme ma voiture ne démarrait pas, Ted ma conduite au NAIT et pour le retour, j’avais prévu de prendre l’autobus pour me rendre soit à la maison, soit au bureau de Ted, dépendant de quel autobus se présenterait le premier. Du fait qu’un de nos instructeurs était absent pour raison d’enterrement, quelques étudiants sont parvenus à convaincre les autres instructeurs de réarranger l’emploi du temps de la journée pour que nous puissions partir à midi. Après avoir passé l’après-midi à magasiner avec Elsie, je suis rentrée à la maison en autobus.

Lorsque je suis entrée dans la maison par la porte de derrière, j’ai eu la surprise de voir ma mère dans la cuisine, elle lavait la vaisselle avec mes filles. « Tiens, tiens, tiens, qu’est-ce que grand-mère fait ici ? » ai-je demandé pendant que j’enlevais mes bottes d’un coup de pied. Surprise que ma mère me réponde en me demandant comment j’étais rentrée à la maison, j’ai répondu que j’avais pris l’autobus. Puis ma mère a dit : « Il est arrivé quelque chose de terrible … Steven est mort ! » Les paquets et les livres que je portais sont tombés de mes bras ballants, ont dégringolé dans les escaliers du sous-sol et ont atterri en bas, tout en vrac. Alors j’ai crié « Non ! Pas mon beau bébé ! » mais en apercevant le visage mouillé de larmes de mes filles, je me suis rattrapée en disant qu’elles aussi, elles étaient belles mais parce que Steven était encore petit et dépendant, il était spécial. Elles ont fait signe de la tête qu’elles comprenaient et Terri, le visage couvert de larmes, s’est précipitée dans la salle-de-bains pour aller chercher des poignées de mouchoirs en papier pour nous toutes.