Prendre la décision d’avoir un autre enfant après la perte d’un bébé

Prendre la décision d’avoir un autre enfant après la perte d’un bébé

Lorsque vous avez décidé de fonder une famille, il est invraisemblable que vous vous attendiez à être confronté(e) au deuil d’un de vos enfants. Personne n’anticipe de se trouver à la fois, dans la situation d’être en deuil d’un enfant et de prendre la décision d’en avoir un autre.

La tragédie qui vient de vous frapper vous a effrayé)e), a brisé votre sens inné de sécurité et vous a laissé vulnérable. La probabilité de si et quand avoir un autre enfant est en même temps, diffícile, effrayante et excitante.

Au quotidien, votre réalité est faite de peines et de joies et de ce fait, il est possible de pleurer un enfant tout en éprouvant de la joie dans l’attente d’une nouvelle grossesse.

Quel est le bon moment pour planifier une grossesse après la perte d’un enfant?

Planifier une nouvelle grossesse après la perte d’un enfant est une décision stressante et difficile à prendre. Le “bon” moment dépend des couples.

Le deuil est une expérience dans laquelle on peut se sentir seul(e) du fait que nul n’y est vraiment préparé et votre prise de décision peut être influencée par le jugement des autres qui ne comprennent pas nécésssairement la situation.

Aller de l’avant

Il est juste de dire qu’ “Aller de l’avant” est une expression dont on abuse et qui simplifie outre mesure, l’idée d’avoir un autre enfant après en avoir perdu un.

Personne ne se remet vraiment de la perte d’un enfant. Aller de l’avant suggère que l’on laisse quelqu’un derrière soi et la dernière chose qu’un parent ou qu’un proche veut faire est d’oublier le précieux enfant disparu. Alors, bien que l’on soit obligé(s) de s’adapter, on ne va pas vraiment de l’avant.

Il est possible que des opinions venant d’ami(e)s ou de membres de la famille bien intentionnés vous tirent dans différentes directions. Toutefois, si vous vous êtes préparé(e) à les entendre, ces opinions vous aideront à suivre votre idée et votre coeur.

“Vous êtes jeunes, vous pouvez encore essayer”.
“Vous aurez plus de temps à consacrer à vos autres enfants.”
“La destinée décidera.”
“Un autre enfant est destiné à entrer dans votre vie.”

“L’enfant de remplacement”

Le désir d’avoir d’autres enfants est un sentiment normal, naturel et sain.

La psychologie définit “l’enfant de remplacement” comme une atteinte de la part des parents, de valider la perte d’un enfant en ayant un autre enfant. Pourtant, même si un autre enfant apportera de nouveau la joie, il ne s’agit pas remplacer l’enfant disparu. Il s’agit d’avoir de nouveau la chance de ressentir des sentiments autres que le chagrin et pour certains couples, l’opportunité d’agrandir leur famille et, “aller de l’avant”. Avoir un autre enfant offre la possibilité d’un retour à une période où la joie faisait partie de la vie quotidienne. La joie est dans la nature humaine et de ce fait, une des raisons pour laquelle on peut choisir d’avoir un autre enfant après en avoir perdu un.

Ici, également, être préparé(e) à entendre les propos ci-dessous vous aideront à vous en tenir à votre propre décision:

“Votre période de deuil a-t-elle été suffisante?”
“Vous savez que vous ne pouvez pas remplacer le bébé que vous avez perdu par un autre”
“Etes-vous prêt(e) à prendre le risque de vous trouver de nouveau dans la peine, si tôt?”

Les dates et événements marquants

Après avoir pris la decision d’avoir un autre enfant, il est possible que vous ressentiez un niveau d’anxiété plus élevé à l’approche des dates et événements entourant le décès de votre enfant disparu.

Dans le cas d’une mortinaissance, votre niveau d’anxiété s’intensifiera à l’approche de la date de naissance de votre bébé. Suite à la mort d’un nourrisson, l’âge auquel vous l’avez perdu peut déclencher chez vous des frayeurs terrifiantes. Néanmoins, après avoir survécu ces périodes éprouvantes, le temps aidera à remplacer la frayeur par la recherche de la joie.

Gérer le sentiment de culpabilité

La gestion du sentiment de culpabilité se fait graduellement et s’avère une tâche difficile.

La culpabilité est le sentiment le plus connu de toute personne ayant perdu un enfant. Le sentiment d’impuissance à changer ce qui s’est passé crée un sentiment profond de culpabilité. Chaque moment de la grossesse est remis en question ainsi que tout instant passé avec le précieux enfant disparu. Qu’aurais-je pu faire différemment? Est-ce que je manque de sincérité vis-à-vis de l’enfant que j’ai perdu? Cependant, vous devez vous rappeler que la mort de votre enfant n’était pas de votre de faute mais hors de votre contrôle.

Combien d’entre-nous avons souhaité faire marche arrière et faire les choses différemment? Le monde peut paraître bien cruel mais la vie peut aussi apporter des miracles.

Alors que nous commençons à envisager une nouvelle grossesse ou peut-être même alors que nous sommes déjà enceinte(s), une nouvelle forme de culpabilité peut commencer à bouleverser notre vie. Vous pouvez vous sentir coupable(s) de ressentir de nouveau le bonheur et l’espoir et d’être plus préoccupée(s) par votre grossesse que par votre perte.

Toutefois, alors que vous vous tournez vers votre nouveau bébé, vous découvrirez qu’il y a de la place dans votre coeur pour ces deux enfants. De plus, l’arrivée de votre nouvel enfant peut être l’opportunité d’honorer la mémoire de l’enfant que vous avez perdu par le miracle d’une nouvelle chance dans votre vie.

Aider les frères et soeurs à accueillir le nouveau bébé

Après le décès d’un petit frère ou d’une petite soeur, il est difficile de savoir ce qu’il faut dire aux autres enfants. Les enfants peuvent ressentir peur, culpabilité et colère suite au décès d’un petit frère ou d’une petite soeur et ces émotions s’intensifieront à l’annonce d’une nouvelle grossesse. Les adultes doivent alors se montrer ouverts et honnêtes et c’est alors que parler de leurs propres frayeurs à un niveau approprié à l’âge des enfants s’avère très important.

Prenez garde de ne pas abuser de l’expression: “Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer” ou “Il n’y aura aucun problème avec ce bébé” car vos enfants ont les mêmes inquiétudes que vous. Partagez vos larmes/votre chagrin avec eux. Vous pouvez leur dire que vous aussi, vous avez peur mais, beaucoup plus important, les faire participer aux événements spéciaux organisés en mémoire du petit frère ou de la petite soeur disparu(e) est une façon saine de les aider à se tourner vers l’enfant à naître.

Demandez-leur ce qu’ils aimeraient faire pour se souvenir de la petite soeur ou du petit frère disparu(e) et ce qu’ils voudraient préparer pour le nouveau bébé. En effet, les gestes concrets  sont les meilleures façons d’aider les enfants à se sentir en contrôle d’une situation qui leur paraît totalement hors contrôle.